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Faisons connaissance 
Un peu de moi 

Musc’art :

Bernadette Dubus, le retour.

Il y a quelque quinze ans, nous avons connu une Bernadette Dubus, multi-artiste, écrivaine prolifique qui sortait toutes sortes de livres à succès, pour les grands et les petits et des poèmes. Elle répandait aussi une énorme activité dans le domaine de l’écriture, avec ses ateliers-groupes de travail et expositions, entre Vic-la-Gardiole et Frontignan. Elle fut bien sûr l’une des toutes premières invitées de Musc’art puis, les aléas de la vie ont pris le dessus, en l’obligeant à assurer certaines responsabilités familiales et douloureuses. Aujourd’hui sortie de l’épreuve, Bernadette remonte la pente et nous revient avec son formidable désir d’être celle qu’elle a toujours été, une femme entière, à la parole franche et directe qui coule avec autant de fluidité que son écriture, pour affirmer des convictions aussi fortes que son caractère, arrivée qu’elle est à une maturité, pour ne pas dire une sagesse qui dans ses réponses à nos questions la pose à un carrefour de vie où après avoir regardé son œuvre, la fait regarder devant elle pour encore ouvrir d’autres chemins, tout aussi prolifiques que les précédents.

 

1) Bernadette, Qui êtes –vous ?

Je suis née le 15 septembre 1952 à Frontignan dans la maison de mes aïeux. Occitane et ventre bleu, adoptée par les Vicois. Partie un an au Niger en 1972, je suis tombée à jamais amoureuse de l’Afrique et du désert que j’ai traversé en 2CV avec des amis en 1973.J’ai un peu bourlingué et vécu à l’étranger : Afrique, Danemark, Belgique. Passionnée de voyages, c’est le roman d’aventures qui m’a conduite loin des sentiers battus et dans des contrées où je ne suis jamais allée, sauf en rêve. Tout en travaillant pour nourrir ma famille, j’ai écrit des romans, nouvelles, poèmes (les premiers romans en date, écrits à 4h du matin avant de partir au travail). L’écriture, c’est mon troisième poumon, je ne peux pas m’en passer. Autrefois j’étais capable d’écrire deux romans en même temps. Hélas… C’était autrefois.

Membre fondateur et présidente de l’association Clair de Plume depuis janvier 2000, j’anime des ateliers d’écriture depuis plus de vingt ans. En 2008, nous créons la revue Gardiolarem qui sera publiée jusqu’en 2015 date à laquelle nous n’avons plus eu assez d’argent pour l’imprimer. Si vous voulez en lire quelques- unes, vous pouvez les trouver sur le blog de l’association http://clairdeplume34.over-blog.com. En 2010, l’association se dote d’une activité « édition » avec de nombreux auteurs édités.

 

2) Qu’est-ce qui déclenche l’écriture ? Ecrire est-il une contrainte ?

En premier lieu, j'ai toujours quelque chose à dire. Je ne peux pas m’empêcher de commenter l’actualité, de m’indigner très souvent car je ne supporte pas l’injustice à un degré dépassant ma compréhension. Cela me met dans une rage folle. Parfois c’est l’injustice à mon égard qui me rend folle. Mais il en faut une fameuse dose avant que je m’énerve pour de bon. Alors non, écrire n’est pas une contrainte, c’est une nécessité. Tous les problèmes sociaux et politiques, je les concentre dans mes romans thrillers, policiers ou pas. Cela donne une dimension réaliste à l’histoire. Encore que… il me faudrait un débat de plusieurs heures pour en parler.

Mon genre préféré c’est le roman d’aventures, fantastique, et d’anticipation. Là je peux me lâcher, laisser vagabonder mon imagination sans les entraves de la matérialité. Cela ne m’empêche pas de rester des heures à chercher dans des livres et sur internet des précisions sur l’Histoire, celle avec un grand H, pour y ancrer mon histoire, la petite. Le mélange des genres est un jeu périlleux que j’affectionne particulièrement.

L’humour et la poésie sont aussi des armes redoutables et j’aime les utiliser.

 

3) Quel est le mot le plus important pour vous ?

Le mot « amour universel ». A côté de ce mot-là, les autres font piètre figure.

 

4) Bâtissez- vous vos livres avec une architecture préétablie ?

Pas du tout. J’ai une idée en tête, je la laisse d’abord mûrir. Ensuite j’essaye un peu de la structurer. Mais je ne sais jamais d’avance comment mon histoire va se terminer. C’est ce que j’aime dans l’écriture. Le mystère que les mots engendrent. Il m’arrive souvent de trouver des informations qui me font changer d’avis en cours d’écriture. Un méchant peut devenir un gentil, ou l’inverse. Cela vient tout seul, comme de l’écriture automatique. Ou j’ai l’inspiration, ou je ne l’ai pas. Je ne peux pas me forcer. Cela coule comme une rivière, ou je butte sur des rochers et je m’arrête d’écrire. J’attends que ça passe. Les idées me reviennent quand je ne m’y attends pas, alors j’ouvre mon ordinateur et j’écris. Il me semble parfois que je ne suis pas le maestro de la partition comme si j’exécutais un plan prévu d’avance par je ne sais quelle entité ayant pris possession de ma tête.

 

5) L’écrivain peut-il rendre le monde meilleur ?

J’ignore s’il peut rendre un monde meilleur. Ce n’est pas lui qui va faire arrêter les guerres ni la haine. La seule chose qu’il peut faire c’est donner matière à réfléchir ou aider à décompresser, à s’évader ou s’informer.

 

6) Pourrait-on dire que l’enfance est l’élément fondateur de votre écriture ?

Oh oui ! Incontestablement. Mon premier souvenir de lecture, c’est ma maitresse du primaire qui nous lisait « le livre de la jungle » un petit quart d’heure tous les soirs avant la sonnerie. J’étais suspendue à ses lèvres. Je maudissais la cloche du départ. Ensuite j’ai lu sans m’arrêter. D’abord toute la bibliothèque rose avec la comtesse de Ségur ; la collection rouge et or. Puis Enid Bliton a pris le relais, suivie d’un kyrielle d’écrivains anglais dont Jack London m’entraînant dans des aventures du grand Nord ou ailleurs. Ils m’ont rendue dingue de lecture et d’aventure. Ensuite j’ai épuisé toute une collection de livres d’aventures réelles, dans la forêt amazonienne avec Jacques Coustelle. Enfin, je ne peux pas tous les citer mais je leur rends hommage. J’ai eu le premier prix de la nouvelle « Lettre d’amour à la lecture » en 2003 sur « à voir à lire.com » pour un texte sur le livre de mon enfance. De la lecture à l’écriture il n’y a qu’un pas que j’ai franchi allégrement il y a trente ans. C’est un cadeau d’écrire. Avant, je n’écrivais que des poèmes.

 

7) Quels sont les titres de vos livres ?

Dans l’ordre :

Des peaux aiment (ex d’ombre et de lumière). Des poèmes écrits de mon adolescence à ma vie d’adulte. Ils ne sont pas tous édités. Les autres sont écrits à la main, sur un vieux cahier.

L’ile à l’envers (pour enfants)

L’été de la dame en blanc

Le preta de l’île singulière Tome 1

Quel qu’en soit le prix

Le preta de l’ile singulière tome 2

Le voyage fantastique du chroniqueur du roi (pour enfants)

Les caprices du vent

Les pieds dans le plat

Le sang de la miséricorde

Sous les pavés la plage… est rouge

Panique sous les quais

Un mur de trop tome 1

L’ombre des prédateurs

Un mur de trop tome 2

Trous noirs à l’abbaye Saint Félix de Monceau

En nos sombres jardins (recueil de nouvelles paru aux éditions Spinelle)

Comme un parfum de soufre (petit essai sur la fibromyalgie)

Femmes hors contrôle

Les petits chemins de traverse (recueil de nouvelles)

Le fantôme de la tour rouge (pour enfants)

 

8) Comment percevez –vous le monde qui nous entoure ?

Vaste question. Comment résumer en quelques mots ? A la fois hostile et rassurant, cela dépend du point de vue où je l’aborde. Hostile, horrible, dangereux, angoissant, étant donné l’actualité. La pauvreté qui s’intensifie, les guerres, les haines, la terre que nous détruisons un peu plus chaque jour, tout cela me serre le cœur au sens propre et au sens figuré. Mais je vois aussi tout cet amour porté par des humains qui s’oublient pour s’occuper des autres, souvent des personnes âgées dont personne ne parle, tous ces jeunes qui prennent leur destin en main malgré les difficultés et se battent pour faire évoluer les mentalités, ce monde de « petites gens » au sens noble du terme qui chaque jour fait évoluer l’humanité. Il y aussi ce monde parallèle en lequel je crois indépendamment de toute religion. Ne vous moquez pas de moi et si vous le faites je m’en fiche.

 

) Qu’est-ce qu’un écrivain selon vous ?

Un passeur d’humanité, un créateur de rêves, une bouée de sauvetage dans un océan de matérialisme.

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10) L’écrivain est-il un grand alchimiste de la réalité ?

Oh oui ! Le réel et l’irréel se mélangent pour faire comme une « soupe » aux divers ingrédients incongrus.

 

11) Quelles sont vos relations avec le temps ?

Le temps n’existe pas. L’avant, l’après, la vie, la mort, hier, aujourd’hui, demain, cela n’existe pas. Si on partait dans un vaisseau spatial à des milliers d’années-lumière on verrait la terre d’autrefois ou la terre du futur. Comment peut-on croire au temps ?

 

12) Avez-vous des projets littéraires en vue ?

Oh oui ! Le problème c’est que maintenant j’avance à petits pas. Je ne suis plus capable d’écrire plusieurs livres en même temps. Seulement l’un après l’autre. J’ai bien peur que l’embolie pulmonaire de 2018 ait laissé quelques séquelles dans mon intellect. Déjà que j’étais fortement déjantée… Et le départ de mon mari, Guylain, vers les étoiles a mis un sérieux coup à la confiance que j’avais en moi. Il me soutenait, il était toujours là pour me dire que j’en étais capable, “vas-y, tu peux le faire, tu y arriveras”. Il était fier de moi. Pendant des années, c’est lui qui a fabriqué mes livres avec beaucoup de patience et de rigueur. Il a toujours été là pour moi, pour ma folie maladive d’écrire et mes doutes. Les conjoints d’écrivains et d’écrivaines ne me contrediront pas si je dis qu’il faut une sacrée dose de patience pour nous supporter.

Cependant oui, j’ai des projets en cours. Actuellement je continue « Le fantôme perdu » pour enfants, une suite à « Le fantôme de la tour rouge ». Je pense les réunir en un seul livre. On verra. Encore une fois, mes idées m’entrainent plus loin que prévu. Je travaille aussi sur « Le pèlerin du bout du monde » pour lequel j’ai de nombreuses recherches à faire. C’est un grand récit dans le style de « Le preta de l’île singulière » et « un mur de trop ». Ensuite « Les sanglots de Marianne » avec le commandant Nabet tant attendu de certains de mes lecteurs, surtout des lectrices que je soupçonne d’être amoureuses de lui. Et une suite à « Les pieds dans le plat ». Il y a longtemps que je ne me suis pas fait rire toute seule. Il faut absolument que je remédie à ça. Une amie — elle se reconnaitra — m’a dit « la Bernie que je préfère c’est celle qui fait rire ». Elle a raison, moi-aussi c’est celle que je préfère.

Mes romans sont tous commencés. Quand les finirai-je ? Là est la question.

 

13) Quel est votre proverbe préféré ?

« A la Sainte Catherine, tout bois planté prend racine ». Je suis sûre que celui-là on ne vous l’avait jamais sorti. Sinon j’ai aussi « cent fois sur le métier, remettez votre ouvrage ».

Pierre Mamier 

La Gazette de FRONTIGNAN LAPEYRADE 

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